La
deuxième chimio, le 25 août, je l'appréhende déjà plus que la
première.
J'ai beau me dire que c'est pour réduire cette Putain de
Fichue épée de Damoclès, je n'arrive pas à y aller le « cœur
presque léger »: j'ai déjà peur des effets du rouleau
compresseur. Avant même qu'il ne soit là.
Voilà
une semaine aussi que j'ai un abcès dentaire. Un dentiste (pas le
mien qui était en congé) m'a prescrit des antibiotiques. Mais je
n'en vois pas les effets. J'ai toujours mal.
A
la consultation avec l'oncologue, j'en parle. Elle m'envoie voir un
stomatologue à l'étage au dessus. Je passe une radio
« panoramique ».
« Il faut arracher la dent de sagesse. Et l'autre qui reste, il faudrait l'enlever aussi. Parce qu'elle n'est pas bien mise. »
Bheu...
Je savais qu'un jour je devrais l'enlever... Voilà bien 10 ans que
je le sais. Mais j'ai toujours espéré le faire le plus tard
possible. Voire jamais ! Me voilà au pied du mur pourtant. Je
refuse catégoriquement qu'on enlève l'autre. J'attendrai d'être au
pied de ce mur là pour ça !
Le
rendez vous est pris pour le lendemain. Je dois « profiter »
que mes globules blancs et plaquettes sont encore suffisamment
importants pour pouvoir mieux cicatriser...
Je
retourne dans le service oncologie... Les infirmières m'installent
le baxter. Je bois une tasse de thé. À midi, je mange les
sandwichs et la soupe... En regardant descendre les liquides des
pochettes... Dans la bouche, dans ma tête, il y a un petit goût de
je ne sais quoi... Ce liquide rouge... Je somnole...
Cette
fois, je ne suis déjà pas bien directement en sortant. Nous rentrons tout de suite à la maison. Je suis très fatiguée. Je me couche sur le
fauteuil, je mets de la musique... j'écoute et je sombre. Parfois
j'arrive à être attentive, souvent je ne suis pas consciente. Entre
deux eaux. Et lourde encore. Écrasée plutôt.
Je
garde près de moi, un seau. Il me rassure d'un côté. Plusieurs
fois, je plonge la tête dedans... pour rien. (Il vaut mieux un rien
que vider le tout!)
Le
lendemain... Je suis K.O. Encore. Même si, dans la nuit, j'ai senti
(à nouveau) ce poids s'envoler.
J'arrive
au service stomatologie. Quand arrive mon tour, un jeune infirmier me
fait entrer. Il me dit de faire un bain de bouche. Je lis une
pancarte sur la porte :
« Vous entendrez des craquements et d'autres bruits, c'est normal. »
(Enfin,
en vrai, il y avait un peu plus que ça. Mais c'est ce que j'ai
retenu.)
Je
ne suis pas rassurée. J'entre dans une salle d'opération.
L'infirmier m'installe sur une table. Il me met une grande bavette.
Deux autres infirmières arrivent et puis, une stomatologue. Pas
celle de la veille. Une autre. Et c'est parti. D'abord, il faut
endormir la mâchoire.
Une
infirmière me demande ce que je fais dans la vie. Je parle de la
formation à la Chèvrerie. La
stomatologue commence. Ça craque, ça croque. Ça me fait mal. Il
faut ré-endormir. Ma racine est trop tordue. La stomato décide de
casser ma dent et de l'avoir en deux partie. Ça pousse, ça tire.
Et
en même temps, l'équipe discute. De fromages de chèvres, de
qu' « as tu mangé la veille au soir ? », de
« comment tu cuisines ce plat ? »
Je
suis en même temps écrasée par le poids de la chimio la veille, et
en même temps je suis terrorisée par ce qu'il se passe dans ma
bouche. Je suis totalement impuissante. Je voudrais juste m'enfuir.
Mais je n'ai pas la force.
L'opération
dure trois quarts d'heure. Albert, ne me voyant pas revenir,
s'imagine le pire. Il a eu largement le temps de se ronger les
ongles !
Je
retourne chez moi. Avec les recommandations : bains de bouche à
l'iso-betadine, manger froid à tempéré, plutôt mou.
Les
jours qui suivent, j'ai mal. Et je suis mal. Je mange difficilement.
J'alterne les bains de bouche à l'iso-betadine avec d'autres à la
teinture mère de calendula et de plantago. Je prends de l'arnica.
Tous
les jours, je regarde ma bouche. Je n'ose pas frotter fort... Et
puis, le weekend, je me rends compte qu'il y a un fil qui traîne
entre deux dents. J'essaie de l'enlever mais je n'y arrive pas. J'ai
juste encore plus mal. Du coup, je le laisse mais je ne comprends pas
ce que ce fil fait là.
Le
1er septembre, c'est la rentrée. J'accompagne Armaël dans sa
nouvelle école.
Le
lendemain, je suis bien : je vais au Moulin du Wez. Ouf !
Quel plaisir de voir les biquettes, le maraîchage et tout ce qui a
changé ! Parce qu'en deux mois de « bonne » saison,
il y en a des choses qui ont changé là-bas ! La semaine
prochaine, c'est décidé, j'irai lundi et mardi : les deux
jours de la formation!
Le
mercredi, les garçons vont chez le dentiste. J'en profite pour
expliquer mon opération et montrer ma cicatrice. J'ai besoin d'être
rassurée. Notamment sur ce fil coincé entre mes dents. Aussi pour
les douleurs, que j'ai toujours. Mon dentiste regarde, touche délicatement et
me dit que tout est bien. La chair est rose. Il me dit aussi :
« Qu'ils ont dû ouvrir bien grand pour pouvoir avoir toute ma dent : il y a même un point entre deux dents. Mais tout va bien ! »
Oups !
Le fil sur lequel j'ai tiré, c'était un point ? Pas juste un
fil coincé entre deux dents ? Je comprends mieux maintenant
pourquoi j'ai encore si mal : je frotte comme une malade quand
je me brosse pour essayer de l'enlever ! Je me promets que j'irai
plus doucement maintenant.
Je
suis rassurée d'un côté. Puisque tout va bien. Et en même temps
fâchée qu'on ne m'aie pas dit qu'il y avait ce point-là (que je
n'aurais jamais imaginé!!!)
Suivez le lien...
Suivez le lien...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire