Ce blog est une histoire, mon histoire. Il est aussi ma manière d'apprivoiser ce qui m'arrive actuellement.

Si vous arrivez en cours de route, je vous conseille de commencer par le tout début, comme dans toute histoire...
Personnellement, je n'en connais pas encore la fin!

Si vous êtes déjà venu, vous pouvez faire votre choix dans "Le récit pas à pas".

vendredi 14 novembre 2014

Sagesse?

La deuxième chimio, le 25 août, je l'appréhende déjà plus que la première.

J'ai beau me dire que c'est pour réduire cette Putain de Fichue épée de Damoclès, je n'arrive pas à y aller le « cœur presque léger »: j'ai déjà peur des effets du rouleau compresseur. Avant même qu'il ne soit là.

Voilà une semaine aussi que j'ai un abcès dentaire. Un dentiste (pas le mien qui était en congé) m'a prescrit des antibiotiques. Mais je n'en vois pas les effets. J'ai toujours mal.

A la consultation avec l'oncologue, j'en parle. Elle m'envoie voir un stomatologue à l'étage au dessus. Je passe une radio « panoramique ».

« Il faut arracher la dent de sagesse. Et l'autre qui reste, il faudrait l'enlever aussi. Parce qu'elle n'est pas bien mise. »

Bheu... Je savais qu'un jour je devrais l'enlever... Voilà bien 10 ans que je le sais. Mais j'ai toujours espéré le faire le plus tard possible. Voire jamais ! Me voilà au pied du mur pourtant. Je refuse catégoriquement qu'on enlève l'autre. J'attendrai d'être au pied de ce mur là pour ça !

Le rendez vous est pris pour le lendemain. Je dois « profiter » que mes globules blancs et plaquettes sont encore suffisamment importants pour pouvoir mieux cicatriser...

Je retourne dans le service oncologie... Les infirmières m'installent le baxter. Je bois une tasse de thé. À midi, je mange les sandwichs et la soupe... En regardant descendre les liquides des pochettes... Dans la bouche, dans ma tête, il y a un petit goût de je ne sais quoi... Ce liquide rouge... Je somnole...

Cette fois, je ne suis déjà pas bien directement en sortant. Nous rentrons tout de suite à la maison. Je suis très fatiguée. Je me couche sur le fauteuil, je mets de la musique... j'écoute et je sombre. Parfois j'arrive à être attentive, souvent je ne suis pas consciente. Entre deux eaux. Et lourde encore. Écrasée plutôt.

Je garde près de moi, un seau. Il me rassure d'un côté. Plusieurs fois, je plonge la tête dedans... pour rien. (Il vaut mieux un rien que vider le tout!)

Le lendemain... Je suis K.O. Encore. Même si, dans la nuit, j'ai senti (à nouveau) ce poids s'envoler.

J'arrive au service stomatologie. Quand arrive mon tour, un jeune infirmier me fait entrer. Il me dit de faire un bain de bouche. Je lis une pancarte sur la porte :

« Vous entendrez des craquements et d'autres bruits, c'est normal. »

(Enfin, en vrai, il y avait un peu plus que ça. Mais c'est ce que j'ai retenu.)

Je ne suis pas rassurée. J'entre dans une salle d'opération. L'infirmier m'installe sur une table. Il me met une grande bavette. Deux autres infirmières arrivent et puis, une stomatologue. Pas celle de la veille. Une autre. Et c'est parti. D'abord, il faut endormir la mâchoire.

Une infirmière me demande ce que je fais dans la vie. Je parle de la formation à la Chèvrerie. La stomatologue commence. Ça craque, ça croque. Ça me fait mal. Il faut ré-endormir. Ma racine est trop tordue. La stomato décide de casser ma dent et de l'avoir en deux partie. Ça pousse, ça tire.
Et en même temps, l'équipe discute. De fromages de chèvres, de qu' « as tu mangé la veille au soir ? », de « comment tu cuisines ce plat ? »

Je suis en même temps écrasée par le poids de la chimio la veille, et en même temps je suis terrorisée par ce qu'il se passe dans ma bouche. Je suis totalement impuissante. Je voudrais juste m'enfuir. Mais je n'ai pas la force.

L'opération dure trois quarts d'heure. Albert, ne me voyant pas revenir, s'imagine le pire. Il a eu largement le temps de se ronger les ongles !

Je retourne chez moi. Avec les recommandations : bains de bouche à l'iso-betadine, manger froid à tempéré, plutôt mou.

Les jours qui suivent, j'ai mal. Et je suis mal. Je mange difficilement. J'alterne les bains de bouche à l'iso-betadine avec d'autres à la teinture mère de calendula et de plantago. Je prends de l'arnica.

Tous les jours, je regarde ma bouche. Je n'ose pas frotter fort... Et puis, le weekend, je me rends compte qu'il y a un fil qui traîne entre deux dents. J'essaie de l'enlever mais je n'y arrive pas. J'ai juste encore plus mal. Du coup, je le laisse mais je ne comprends pas ce que ce fil fait là.

Le 1er septembre, c'est la rentrée. J'accompagne Armaël dans sa nouvelle école.


Le lendemain, je suis bien : je vais au Moulin du Wez. Ouf ! Quel plaisir de voir les biquettes, le maraîchage et tout ce qui a changé ! Parce qu'en deux mois de « bonne » saison, il y en a des choses qui ont changé là-bas ! La semaine prochaine, c'est décidé, j'irai lundi et mardi : les deux jours de la formation!


Le mercredi, les garçons vont chez le dentiste. J'en profite pour expliquer mon opération et montrer ma cicatrice. J'ai besoin d'être rassurée. Notamment sur ce fil coincé entre mes dents. Aussi pour les douleurs, que j'ai toujours. Mon dentiste regarde, touche délicatement et me dit que tout est bien. La chair est rose. Il me dit aussi :
« Qu'ils ont dû ouvrir bien grand pour pouvoir avoir toute ma dent : il y a même un point entre deux dents. Mais tout va bien ! »

Oups ! Le fil sur lequel j'ai tiré, c'était un point ? Pas juste un fil coincé entre deux dents ? Je comprends mieux maintenant pourquoi j'ai encore si mal : je frotte comme une malade quand je me brosse pour essayer de l'enlever ! Je me promets que j'irai plus doucement maintenant.

Je suis rassurée d'un côté. Puisque tout va bien. Et en même temps fâchée qu'on ne m'aie pas dit qu'il y avait ce point-là (que je n'aurais jamais imaginé!!!)


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