Ce blog est une histoire, mon histoire. Il est aussi ma manière d'apprivoiser ce qui m'arrive actuellement.

Si vous arrivez en cours de route, je vous conseille de commencer par le tout début, comme dans toute histoire...
Personnellement, je n'en connais pas encore la fin!

Si vous êtes déjà venu, vous pouvez faire votre choix dans "Le récit pas à pas".

mardi 2 septembre 2014

Des tiroirs dans la tête

Le vendredi 20 juin, dans un coin de ma tête, il y a une grosse araignée noire tapie. Je n'arrive pas à m'éclairer. Et c'est ce qui me ferait du bien!
J'ai un torticolis aussi. Alors que je ne pensais pas arrêter mes activités, ce "mal" me ramène face à ma "maladie".
La rencontre avec le chirurgien est prévue. J'ai choisi celui-là plutôt qu'un autre parce que l'oncologue me l'a conseillé. Et je lui fais confiance. Me voilà dans un petit cabinet face à un homme aux oreilles un peu décollées et qui parle vite entre ses dents.
Il parle technique. Il coupera là pour chercher la masse. Ou peut être comme ça ? Il regarde avec ses mains sur mon sein. Me voilà un objet d'étude.
Il m'explique que le jour J, une analyse sommaire sera faite des ganglions sentinelles en dessous du bras. Et qu'en fonction du résultat de cette analyse, il enlèvera le reste de ganglions ou pas.
De nouveau, j'ai beaucoup d'informations sans savoir exactement ce qui va être fait ! La seule chose qui est certaine, c'est que je serai opérée le jeudi suivant ! Je devrai "rentrer" en hospitalisation le mercredi pour avoir une injection afin de localiser les ganglions sentinelles (les premiers ganglions sous le bras qui drainent la lymphe dans le sein).
Je lui demande pour visiter la salle d'opération. Mais ce n'est pas possible. Il me dit que je verrai ce jour là.
Je revois l'oncologue... J'aurai droit à tous les traitements possibles: opération, chimio, biothérapie, rayons, hormones...
Dans la discussion, elle me laisse entendre que je perdrai mes cheveux. Pour moi, c'est encore un grand coup sur la tête en plus.
Dans l'ascenseur, nous croisons une petite fille avec juste un foulard sur la tête. Mes yeux se remplissent d'humidité... Mélange de désespoir quant à ma situation et de tristesse et malaise de voir cette petite fille qui était dans les traitements.
Je suis démoralisée. Je ne veux pas interrompre ma formation. Je ne veux pas arrêter les traites. Et pourtant, je me sens tellement mal dans la tête que je ne me sens pas capable d'y aller ce week-end qui vient et cette semaine.
Albert m'explique que dans tout projet, il y a différents tiroirs. Qu'ils sont interchangeables. Que, si je dois stopper ma formation, je peux avancer d'une autre façon sur ce qui me tient à cœur, d'une façon qui est compatible avec les traitements que je vais recevoir. Je l'écoute... J'imagine l'armoire en question. Le poids est un peu moins lourd à porter en pensant de cette façon.

Photo: Albert Roulive
Ce soir là, quand les enfants reviennent de l'école, je les appelle et je leur lis l'histoire du Jardin d'Aurélien. À plusieurs reprises, je dois m'arrêter dans ma lecture pour reprendre ma respiration. J'ai parfois la voix qui tremble. J'ai les yeux pleins de larmes, encore.
Pendant une de mes grandes respirations, Armaël se penche et me regarde dans les yeux. À ce moment, je sais qu'il sait.
Après l'histoire, je demande ce que les enfants ont compris. Ils me parlent du jardin... Et puis je leur dis que j'ai la même chose que la maman d'Aurélien.
Il y a un grand silence. Mara vient dans mes bras. Ils posent des questions. J'y réponds le mieux possible... avec les moyens, les réponses que je possède. Ils sont tristes, inquiets, interrogatifs... J'explique que je serai soignée, que je suis bien entourée, que je suis prise en charge par toute une équipe médicale.

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