Le vendredi 20 juin,
dans un coin de ma tête, il y a une grosse araignée noire tapie. Je
n'arrive pas à m'éclairer. Et c'est ce qui me ferait du bien!
J'ai un torticolis
aussi. Alors que je ne pensais pas arrêter mes activités, ce "mal"
me ramène face à ma "maladie".
La rencontre avec le
chirurgien est prévue. J'ai choisi celui-là plutôt qu'un autre
parce que l'oncologue me l'a conseillé. Et je lui fais confiance. Me
voilà dans un petit cabinet face à un homme aux oreilles un peu
décollées et qui parle vite entre ses dents.
Il parle technique. Il
coupera là pour chercher la masse. Ou peut être comme ça ? Il
regarde avec ses mains sur mon sein. Me voilà un objet d'étude.
Il m'explique que le
jour J, une analyse sommaire sera faite des ganglions sentinelles en
dessous du bras. Et qu'en fonction du résultat de cette analyse, il
enlèvera le reste de ganglions ou pas.
De nouveau, j'ai
beaucoup d'informations sans savoir exactement ce qui va être fait !
La seule chose qui est certaine, c'est que je serai opérée le jeudi
suivant ! Je devrai "rentrer" en hospitalisation le
mercredi pour avoir une injection afin de localiser les ganglions
sentinelles (les premiers ganglions sous le bras qui drainent la lymphe dans le sein).
Je lui demande pour
visiter la salle d'opération. Mais ce n'est pas possible. Il me dit
que je verrai ce jour là.
Je revois
l'oncologue... J'aurai droit à tous les traitements possibles:
opération, chimio, biothérapie, rayons, hormones...
Dans la discussion,
elle me laisse entendre que je perdrai mes cheveux. Pour moi, c'est
encore un grand coup sur la tête en plus.
Dans l'ascenseur, nous
croisons une petite fille avec juste un foulard sur la tête. Mes
yeux se remplissent d'humidité... Mélange de désespoir quant à ma
situation et de tristesse et malaise de voir cette petite fille qui
était dans les traitements.
Je suis démoralisée.
Je ne veux pas interrompre ma formation. Je ne veux pas arrêter les
traites. Et pourtant, je me sens tellement mal dans la tête que je
ne me sens pas capable d'y aller ce week-end qui vient et cette
semaine.
Albert m'explique que
dans tout projet, il y a différents tiroirs. Qu'ils sont
interchangeables. Que, si je dois stopper ma formation, je peux
avancer d'une autre façon sur ce qui me tient à cœur, d'une façon
qui est compatible avec les traitements que je vais recevoir. Je
l'écoute... J'imagine l'armoire en question. Le poids est un peu
moins lourd à porter en pensant de cette façon.
Photo: Albert Roulive
Ce soir là, quand les
enfants reviennent de l'école, je les appelle et je leur lis
l'histoire du Jardin d'Aurélien. À plusieurs reprises, je
dois m'arrêter dans ma lecture pour reprendre ma respiration. J'ai
parfois la voix qui tremble. J'ai les yeux pleins de larmes, encore.
Pendant une de mes
grandes respirations, Armaël se penche et me regarde dans les yeux. À ce moment, je sais qu'il sait.
Après l'histoire, je
demande ce que les enfants ont compris. Ils me parlent du jardin...
Et puis je leur dis que j'ai la même chose que la maman d'Aurélien.
Il y a un grand
silence. Mara vient dans mes bras. Ils posent des questions. J'y
réponds le mieux possible... avec les moyens, les réponses que je
possède. Ils sont tristes, inquiets, interrogatifs... J'explique que
je serai soignée, que je suis bien entourée, que je suis prise en
charge par toute une équipe médicale.Suivez le lien...
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