Ce blog est une histoire, mon histoire. Il est aussi ma manière d'apprivoiser ce qui m'arrive actuellement.

Si vous arrivez en cours de route, je vous conseille de commencer par le tout début, comme dans toute histoire...
Personnellement, je n'en connais pas encore la fin!

Si vous êtes déjà venu, vous pouvez faire votre choix dans "Le récit pas à pas".

dimanche 14 septembre 2014

Accident de parcours

Attention, quand j'ai raconté, juste après l'avoir vécu, ce que je relate ici, certains ont été choqués. J'ai donc envie de dire:
 « Âmes sensibles s'abstenir ! »
Chez moi, une infirmière vient tous les deux jours pour désinfecter et changer les pansements de mes « redons » (les tuyaux assez inattendus qui sortaient de mon côté juste après l'opération).
Cinq jour après ma sortie, je trouve que mon sein est douloureux et il me semble gonflé. Même si je ne le regarde pas de très près, pas encore. Je ne me sens pas prête à voir la cicatrice de près. Pour moi, il est déformé. Il ne m'appartient plus. Déjà, je le coince dans un soutien, depuis la sortie de l’hôpital... Ce soutien me coince... et me rassure en même temps.
Après les conseils de l'infirmière, je vais à l’hôpital pour être rassurée. J'y vois l'assistant du chirurgien et le chirurgien. Tous les deux me disent que ce n'est rien, à priori tout va bien. Je peux prendre des anti-inflammatoires si j'ai mal. Et même en préventif. Je m'applique à suivre leurs conseils. En plus de l'arnica que je prends déjà en homéopathie.
Les anti-inflammatoires, c'est peut être bien... Mais ceux là m'ont enflammé le ventre.
Le dimanche. J'arrête d'en prendre... Je ne sais rien avaler d'autre non plus.
La journée se passe tranquille, plus ou moins. Je vais voir le potager partagé mais je ne sais rien y faire parce que j'ai trop mal au ventre... Fin d'après midi, Albert et moi nous mettons à la musique. Lui au piano, moi au chant. Petit à petit, mes forces reviennent avec la musique... C'est thérapeutique.
Et puis, tout à coup, je sens comme un gros pincement dans mon sein. Je regarde dans mon soutien et je vois qu'il est déformé. Je ne sais pas expliquer mieux. Il est juste ...déformé. J'ai peur. Une peur soudaine. Je me rends compte qu'il est en train de gonfler. Encore et encore. Je crie ! J'ai très peur ! Je prends le glaçon dans le congélateur. J'essaie d'appeler le 100... ou Albert, je ne sais plus....
On fonce dans la voiture... Je respire vite. Mon sein continue de gonfler !!! Je ne comprends pas ce qui se passe. J'ai la peau tendue. Très fort. J'ai peur de chez peur...
Dans la voiture, je dis à Albert de foncer. Je m'en fiche des PV. Là, je voudrais déjà être arrivée aux urgences... Et on démarre seulement... Je respire toujours vite. Je crie encore. Albert, à côté, appuie sur l'accélérateur. Je sens mes doigts qui picotent... Mon sein continue de gonfler. Je sens quelque chose qui craque à l'intérieur. Je hurle. Je panique. Albert re-téléphone au 100 pour que les urgences soient prévenues de notre arrivée. Il me passe le téléphone. Mes doigts se crispent sur le gsm. A l'autre bout, j'entends quelqu'un qui me dit de respirer plus calmement. Je respire trop vite. « J'hyperventile » paraît-il. Je sens des picotements dans mes jambes et dans mon ventre. J'ai l'impression que mon cœur palpite... J'entends à peine ce que le monsieur du gsm me raconte... J'essaie de me rappeler comment on respire au yoga... Mais je n'y arrive pas. J'ai mal. J'ai trop mal. J'ai peur, j'ai trop peur. Je suis trop dans la panique. Albert roule encore trop lentement... Et puis, vision sublime : voilà que nous apercevons l’hôpital. Albert s'arrête juste devant les urgences du CHR de Namur. Il sort précipitamment de la voiture. Je ne sais pas bouger. Je me sens paralysée.
Il y a, devant la voiture, deux infirmiers assis sur le pare choc d'une ambulance, en train de fumer. Ils nous voient arriver et ne bougent pas. Quand Albert sort, l'infirmière lui dit de façon très laconique « Hé Monsieur, vous avez failli nous écraser... » Mais personne ne bouge pour venir me chercher. Mes doigts sont coincés sur le gsm. Je suis incapable de bouger. J'ai mon autre main qui tient le glaçon sur mon sein. Depuis le début.
Je vois Albert arriver avec une chaise roulante. Il se fait intercepter par deux autres infirmières. Albert et l'une d'elle me sortent de la voiture. Puis, les deux infirmières m'emmènent dans une petite salle. Elles ne veulent pas qu'Albert rentre avec moi. Je ne sais pas pourquoi. Je ne comprends pas pourquoi. L'une revient. Elle me fait respirer dans un masque et me donne un « témésta ». J'arrive à reprendre ma respiration. Tout doucement.
Le médecin arrive. Il me fait enlever mon sweat-shirt. C'est difficile. D'abord, j'ai le bras gauche qui est toujours limité dans ses mouvements... ensuite, j'ai terriblement mal. Les infirmières m'aident. Le soutien est taché de sang. Le médecin jette un bref coup d’œil. Il me dit que « je ne risque rien ». Il demande à ses infirmières de me mettre une compresse sur le sein. Et il nous renvoie à la clinique Sainte Elisabeth de l'autre côté de la ville. Là où j'ai été opérée... par nos propres moyens.
Nous remontons dans la voiture. Cette fois, Albert roule plus prudemment. Je suis plus calme. Peut être le témésta. Arrivés aux urgences de l'autre côté, je suis installée dans une chambre aux urgences. Je pleure, j'ai trop mal ! J'ai l'impression que mon sein va exploser ! Une infirmière vient. Elle m'installe un cathéter, m'injecte un anti-douleur et va chercher un médecin. A côté de nous, un autre couple est là aussi. Le médecin des urgences m'envoie rapidement dans le service gynécologie. L'assistante du chirurgien qui m'a opérée est là. Quand elle voit mon sein, elle court appeler la gynécologue de garde. Celle-ci arrive. Elle me voit et décide de faire une ponction... Je n'ose pas regarder la grosse seringue qu'elle amène. J'ai mal... Et puis, elle y va. Elle tire le sang qui est dans mon sein. J'ai une hémorragie. Le peu qu'elle arrive à sortir me soulage déjà... Mais ça ne suffit pas. La gynécologue, dépitée, décide de m'opérer. En urgence.
Une infirmière m'amène vers l'ascenseur du bloc opératoire. Albert, dans le couloir muse la chanson que nous chantions dans l'après midi: « Quatre vingt quinze fois sur cent... » L'infirmière l'entonne avec lui... Je m'y mets aussi. Je suis soulagée de me concentrer sur cette chanson plutôt que sur cette opération en devenir.
Arrivée en salle d'opération, je retrouve la gynécologue, l'assistante et un anesthésiste. Je réalise qu'on est dimanche soir. Je demande : « Vous n'avez pas fait guinze ce weekend ? » L'anesthésiste rigole et me dit que quand il est de garde, il « ne fait pas la fête ». Je me laisse m'endormir rassurée...
Je me réveille dans une chambre. Albert est là. Dans le fauteuil à côté du lit. Il me donne la main. Je me rendors...
Dans mon sommeil, j'entends quelqu'un qui dit « Aïe ! » Et, je me demande dans mon sommeil : « Pourquoi il dit "Ail" ? Il pourrait dire "carotte" ou "poireau"! »

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