Le mercredi 18 juin,
j'arrive à la clinique dans la matinée. Je dois y passer une
batterie de tests en vue de l'opération qui enlèvera la tumeur
dans le sein.
Je commence par avaler une solution hyper salée cul
sec... et qui, par la suite, comme une compensation, me laissera une
impression de sucré à ma propre salive. De l'iode. Ensuite, une
infirmière m'injecte un produit radioactif. Elle me dit que je dois
boire un litre voire un peu plus et aller uriner souvent pour que
l'isotope ne se coince pas dans les reins et qu'il se fixe bien sur
mes os.
Entre temps, je vais
faire une radio des poumons et une échographie de l'abdomen. Le
foie, les reins, le pancréas n'ont rien. Les poumons non plus. Ouf,
c'est déjà ça !
Après le dîner, nous (Albert et moi) attendons que le temps passe, au soleil, sur la terrasse... Et puis,
il est déjà temps de faire la scintigraphie osseuse.
L'infirmière me couche sur une table étroite.
Elle me dit que je ne dois pas bouger d'un poil. Elle règle la
machine, un genre d'écran plat horizontal à quelques centimètres à
peine de mon nez. Et puis elle part. J'entends de la musique. Comme
pour passer le temps. J'écoute. Du classique suivi de chansons suivi
d'orgue de barbarie... Je me laisse aller, je me détends. La
machine, l'air de rien, avance tout doucement vers mes pieds. De
temps en temps, l'infirmière vient voir si tout va bien.
Après l'examen, nous
rentrons dans le cabinet du médecin. Il me montre des clichés de
mon squelette en son entier. C'est assez bizarre comme sensation de
me dire que ce qu'il a devant lui, c'est ce qu'il y a en dedans moi.
Il affirme qu'il ne voit absolument rien d'anormal. J'ai un squelette
absolument « sain ». Cette nouvelle est aussi
rassurante !
Je revois l'oncologue.
Elle a reçu le reste des résultats de la biopsie et ceux de la
journée aussi ! Me voilà maintenant avec tous les éléments
en main :
- la taille est juste assez pour ne pas s'inquiéter
- le cancer est classé grade III . Quand on sait que le grade IV est le plus important, que le grade I est très doux...
- les ganglions sentinelles sont les seuls dont on tiendra compte au moment de l'opération seulement.
- Mon cancer est « réceptif » aux hormones. J'aurai droit, du coup, à des hormones pendant plusieurs années. Cette nouvelle ne me réjouis pas, moi qui, depuis longtemps maintenant, ai banni toute hormone artificielle !
- La vitesse de croissance du cancer est de 15%. Là, je ne sais pas trop à quoi ça correspond. Je comprends juste que c'est plus ou moins bien.
Je demande comment est
l'intérieur d'un sein. J'ai besoin d'avoir des réponses claires et
précises. Qu'est ce qui va m'arriver? L'oncologue me montre du mieux
qu'elle peut avec des schémas,
Je vais voir l'infirmière
« coordinatrice » et je lui demande si elle n'a pas un
support, un livre ou quelque chose comme ça pour annoncer la
nouvelle aux enfants. Ils reviendront vendredi et je ne sais pas du
tout comment aborder le sujet. Nous discutons un peu,
elle me prête un livre. Je le lis
pour moi même et j'en ai les larmes aux yeux... L'histoire me touche
beaucoup. Je m'y vois, j'ai peur pour moi, pour les enfants...
Après cette journée
« hospitalière », j'ai besoin de me changer les idées,
de décompresser. Nous avions prévu le coup : nous avions pris
les instruments dans la voiture. Nous voilà donc en route pour le
Merle Café... où nous nous étions rencontré Albert et moi !
Et je me réconcilie avec le monde extérieur avec mon accordéon
dans les bras !!!
Photo: Patrick Marin
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